Grottes et caches camisardes

Spéléologie et mémoire huguenote, de Claude Viala

La guerre des camisards, menée de 1702 à 1710 par les protestants des Cévennes, du Vivarais et du bas pays gardois contre les armées de Louis XIV, prit la forme de ce qu'on appellerait plus tard une guérilla. Cela supposait des lieux de repli et de séjour secrets, loin des villes et du pouvoir royal. Ce furent, la plupart du temps, les grottes et autres cavités dont le pays est truffé en zone calcaire, et qui se rencontrent aussi quelquefois en relief schisteux. Les habitants connaissaient bien ces caches qu'ils avaient utilisées dès la révocation de l'édit de Nantes, une quinzaine d'années auparavant, pour y tenir des assemblées de prière clandestines et cacher les ministres d'un culte interdit.
Après la capture et l'exécution des derniers camisards, ces mêmes cavernes servirent à abriter les fidèles que des prédicants sans cesse pourchassés exhortaient à la résistance. Nombreux furent les hommes et les femmes qui, surpris et arrêtés, furent emprisonnés ou envoyés aux galères. Il faudra attendre l'édit de tolérance de 1787, puis la Révolution, pour qu'enfin les protestants puissent jouir de la liberté de conscience et sortir de la clandestinité.
Ces abris naturels, souvent efficacement aménagés et qui jouèrent un rôle dont on a jusqu'à présent négligé l'importance, gardent en eux l'écho de cette longue histoire. À ce titre, ils appartiennent à notre patrimoine et à notre mémoire.
Claude Viala, en spéléologue averti, nous conduit de grotte en grotte, et nous conte pour chacune les événements dont elles furent le théâtre, restituant les drames et les espoirs d'une communauté au courage et aux convictions indéfectibles.

Laisser un commentaire