Jean Jacques De Taffanel de la Jonquière

par Maguy Calvayrac

Signature de La Jonquière

Jean Jacques De TAFFANEL de la Jonquière.
Né le 12 IX 1646, à Graulhet dans la métairie de La Jonquière (le bien à la Révolution consistait en 70 arpents de terres labourables,15 arpents de près, 6 de bois et 5 de friches).
A l'origine c'est une famille de notaires originaire de Lasgraîsse, roturière, qui se hisse au consulat. Par des alliances bien menées, elle acquiert dans l'Albigeois, des domaines terriens, des fiefs dont les enfants prennent le titre : Cabannac, la Tour, la Pommarède, la Bousquèterie, Saint -Martin, et la Jonquière. C'est là près de Graulhet que les parents- Pierre de Taffanel premier sieur de la Jonquière et Catherine d'Imbert - s'intallent avec leurs neuf enfants. Pierre accède au consulat et fréquente les seigneurs de Graulhet qui étaient les D'Aubijoux alliès aux de Thoiras, gentillhommes d'épée. La famille rêve tant de noblesse, qu'elle se qualifie de noble dans divers actes notariaux ; C'est un délit que réprouve l'Intendant, Baville dans un jugement rendu le 30 novembre 1699 : Jean Taffanel de la Jonquière le frère ainé de Jean-Jacques, doit payer une amende de 3000 livres.
Nous connaissons la carrière militaire de J.J. Taffanel de la Jonquière par une copie de son dossier,communiqué par les Archives Nationale (section Archives de la Marine) qui est déposé à la bibliothèque municipalle de Graulhet.
Jean Jacques TAFFANEL choisit la carrière des armes, d'abord dans l'infanterie. On le découvre capitaine au régiment de Navarre en 1671, lieutenant, puis major en 1676. Son mariage (vers 1685 ?? ) avec une demoiselle de Coriolis, d'une grande famille de marchands et de navigateurs marseillais lui permet d'entrer dans le régiment des galères où il est aide major en novembre 1691, puis rapidement dans la marine à Toulon le 15 V 1692, où dès novembre il est nommé inspecteur des troupes et capitaine de vaisseau.
Il est fait chevalier de Saint-Louis en 1693 lors de sa première promotion. crée par Louis XIV pour récompenser ses officiers catholiques et méritants sans condition de noblesse, 39 officiers généraux de la marine la reçoivent dès la première année - dont La Jonquière. 49 étaient susceptibles de la recevoir ; ce qui est une preuve d'estime du roi.
Selon son dossier de carrière, il participe au siège de Barcelone en 1697, commande la descente d'Oneille, le siège de Rosas, l' expédition de Naples.
Il arrive dans les Sevennes, en février 1703.Toujours affublé du titre d'Inspecteur des troupes de la marine à terre, il touche une solde de 300 livres par mois.
Sa carrière dans les Cévennes ne figure pas officiellement sur ses états de services. La tour de Bilhot n'est pas Montjuich, les enlèvements de femmes et d'enfants manquent de panache…..

Le 3 mars 1703, on signale 200 camisards à Saint-Mamert. De la Jonquière, qui était à Calvisson et qui commandait le 1°bataillon des troupes de la marine marcha avec 300 hommes. Le combat fut des plus acharné ; les rebelles, 200 camisards étaient cachés derrière les murs de pierres sèches. Ils laissèrent 80 cadavres. Un capitaine de grenadier et un enseigne furent tués, deux soldats blessés. Montrevel fit à Chamillart de grands éloges du bataillon de la marine et du sieur de la Jonquière assurant le ministre que ce gentilhomme était un des meilleurs officiers du Roy et un "galant homme."
Le 24 avril 1703 le régiment est employé à une mission très particulière : procéder aux enlèvements et à la déportation des populations civiles.
Le document relatant cet enlèvement a été découvert l'an dernier et publié sur le site internet :. En voici un résumé très significatif.
"Monsieur de la Jonquière quy commandait le régiment de la marine devait arriver audit Lézan pour y enlever les Nouveaux convertis malintentionnés de l'estat, arriva le 24 avril 1703 et tout le lieu estant en désordre ….
L' hoste de Lézan dû fournir le foin et l'avoine aux chevaux et pour ceux de M. de Fressieux, inspecteur des troupes qu'y avaient enlevé soixante huit nouveaux convertis."

A partir de Janvier 1704 les troupes de la Marine sont casernées à Uzès ; Le logis St-Eloy est transformé à grands frais en caserne.
Le sieur La Jonquière écrit d'Uzès à JULIEN - son supérieur immédiat- qu'il avait appris que les rebelles se cachaient au nombre de 800 à 3 lieues d'Uzès dans le bois d'Aigueblanche mais que "Trouvant le nombre trop important pour hasarder un combat, il décida de ne pas marcher vers eux" ; voilà un officier prudent, certes, mais peu téméraire !,
Et toujours selon les états de services retrouvés à Graulhet, nous apprenons que La JONQUIERE "se trouve AU COMBAT DE MONSAC LE 14 MARS 1704."
Nous lisons MOUSSAC
A l'issue du combat, il s'enfut se réfugier au château de Boucoiran. On sait qu'il abandonna son cheval au pied d'un mur. Ce cheval fit le bonheur de Cavalier, et Labouchère l'a immortalisé dans le fameux tableau déposé au musée du désert. La Jonquière sera rappellé à Toulon où il arrive le 26 mars 1704. On lui pardonne ; on charge Montrevel. Le roi a tellement besoin d'officiers !

En 1707, il réussit à reprendre l'île de Minorque aux Anglais, mais en 1708, il perd le château St-Philippe à Port -Mahon. Il se rend aux anglais sans opposer la moindre résistance….. Une fois de plus, c'en est trop ! Cette fois le Roy ne pardonne pas !!
LA Jonquière est condamné au conseil de guerre le 9 janvier 1709 ; il est cassé de son grade et rayé de l'ordre de Saint-Louis.

Il s'engage alors au service du Roi d'Espagne et sans doute est-il plus chanceux puisque Philippe V le fait chevalier de la Clef d'Or et gentilhomme de la Chambre de sa Majesté très catholique.
C'est ce titre dont il se pare lorsqu'il rédige son testament.

Il se retire à la Jonquière où il meurt le 28 janvier 1730 ; Il fut enterré dans le caveau de famille à l'intérieur de cette charmante église appelée, Notre Dame des Pins et des Vignes.

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