Les Trois Fayards

par Henri Mouysset

Aux Trois Fayards, ce très important lieu du souvenir protestant, se sont rassemblés les "révoltés" que l'on allait bientôt appeler camisards, réunis là afin de marcher sur la maison où l'abbé du Chaila tenait prisonnier des fugitifs cévenols. Cette descente sur le Pont-de-Montvert, au chant des psaumes, aboutit au meurtre, prémédité ou non, de l'abbé du Chaila, symbole de la persécution papiste dans les Cévennes. Henry Mouysset, auteur de "Les premiers camisards", nous raconte les recherches qui allaient aboutir à redécouvrir ce lieu. Une réunion "commémorative" s'est tenue aux Trois Fayards le 24 juillet 2002, et nous espérons que les quelques photos présentées ici en restituent l'atmosphère très émouvante. P. R.

Depuis de nombreuses années, j'étais à la recherche du célèbre lieu " Les Trois Fayards ", en français " Les Trois Hêtres " ou en occitan " Los Tres Faus ". En effet, c'est là où s'étaient rassemblés le 24 juillet 1702 les premiers " attroupés " avant d'aller au Pont de Montvert libérer les prisonniers retenus dans la maison André et tuer l'abbé du Chaila. Selon les témoignages d'époque de Jean Rampon et d'Abraham Mazel, ainsi que d'après la tradition orale, ce lieu de rendez-vous se trouvait à l'extrémité de la forêt d'Altefage, proche du sommet du massif du Bougès (Lozère).
Il y a trois ou quatre ans, dans le cadre des recherches effectuées pour la rédaction de mon livre " LES PREMIERS CAMISARDS " (Presses du Languedoc - juillet 2002 -), en consultant le Plan Ancien de Cassagnas de 1822 aux Archives Départementales de la Lozère, j'ai découvert sur la parcelle N°130 …un petit dessin composé de trois arbres représentant le lieu-dit " Les Trois Faus ". Par ailleurs, Mr Guin, originaire de Mijavols et ancien berger, m'avait conduit à la source dite des " Trois Fayards " qui se trouve à la limite sud-est de cette même parcelle N°130 entièrement recouverte d'une épaisse forêt de résineux.
Fort de ma découverte historique, dans le cadre des cérémonies de commémoration du tricentenaire du début de la guerre des camisards, ayant obtenu les accords du directeur du PNC et du directeur départemental de l'ONF (à qui appartient cette parcelle), il ne me restait donc plus qu'à concrétiser mon projet : faire replanter trois hêtres à l'endroit précis indiqué sur le Plan Ancien de Cassagnas.
Rendez-vous fut donc fixé sur le Bougès, très exactement le 11 août 2001, avec des techniciens de l'O.N.F. pour planifier, sur le terrain, les modalités techniques de cette plantation. Mais - ô très grande surprise - à l'endroit précis, nous avons découvert trois énormes cépées de hêtres, sans aucun doute issues des trois gros hêtres coupés lors du reboisement de 1909, cachées jusqu'à ce jour par la forêt de résineux !
Passionné par l'histoire des camisards, devenir réinventeur de ce lieu de mémoire fut pour moi un intense moment d'émotion ! Inutile donc de replanter trois jeunes hêtres : la cérémonie commémorative pourrait se dérouler autour des trois cépées existantes, une fois le lieu requalifié par l'O. N. F. .
Ainsi, le 24 juillet 2002 au matin, en ouverture des cérémonies commémoratives, une centaine de personnes se sont regroupées aux " Trois Fayards " pour évoquer la mémoire des Mazel, Rampon, Séguier, Courderc, Mazauric… qui préparèrent à cet endroit précis leur " opération commando " du Pont de Montvert.

Henry MOUYSSET
(le 22 septembre 2002)

Laisser un commentaire