Extrait de la pièce de théâtre de Pil Crauer: « Fallait-il tuer Colbert? »

Colbert: inventeur de la production industrielle, ministre du Roi Soleil XIV
Rolland Laporte: Chef des Camisards, des Verts avant le temps

Roland Si je dois vivre pareillement empilé, où mettrai-je mes chèvres pour le lait, mes moutons pour la laine et pour la viande, les châtaigniers pour ma nourriture et pour la chauffage?

Colbert Vous n'aurez pas besoin de place pour cela, Monsieur Roland, car vous aurez de l'argent, et vous pourrez tout vous acheter.

Roland Je recevrai de l'argent, et vous pourrez tout vous acheter.

Colbert Dépenser, c'est le but. Afin que d'autres aussi puissent s'acheter des produits des manufactures de France.

Roland Alors en travaillant à la manufacture, je pourrai m'acheter, avec mon salaire, tout ce dont j'ai besoin?

Colbert Absolument. Vous avez enfin compris.

Roland Il faudrait que je travaille toute la journée pour avoir du lait, de la nourriture, de la laine et du bois de chauffage? Personne ne serait assez fou pour faire cela. Mes chèvres, je les trais une fois par jour. Les moutons me donnent un peu de travail deux fois par année, les châtaigniers dix jours, une fois l'an. Je travaille encore une semaine au printemps et en automne chez mon oncle en Provence, dans le vignoble. Il me donne en échange du vin pour toute une année. Si j'en ai envie, je vais pêcher une truite dans la rivière. Cela ne me coûte rien. Quand je vais voir mes châtaigniers j'écoute le chant des oiseaux, j'observe les papillons qui jouent, j'entends le bruit de la rivière, et je regarde d'où viennent les nuages. Chaque mois le paysage au bord du chemin est différent.

Colbert Par bonheur, il y a l'obligation de payer la dîme à l'Etat et à l'Eglise, sinon vous ne feriez que "vivre" toute l'année. Mais l'homme n'est pas fait pour cela. Une petite ferme, regarder les papillons, écouter le bruit de la rivière... qu'est-ce que cela veut dire?

(Cavalier se lève et va chercher Billard)
Voici la nouvelle philosophie: je n'interdis pas, mais je déclare immorale la jouissance de quoi que ce soit qui n'ait pas été l'objet d'une transaction.


Colbert Je ne dis pas que mon système ne saurait que faire de la champagne. Tout est planifié, rien n'est oublié. Quand ceux que l'argent attire aujourd'hui dans les manufactures voudront racheter la terre abandonnée par leurs ancêtres, c'est alors seulement que cet argent aura de la valeur. En est-il autrement dans la Bible? Le retour au paradis se conquiert par le travail. L'eau pure du torrent ne vaudra que si l'homme est prêt à en payer le prix. Ecouter le chant des oiseaux sera moralement justifiable le jour où quelqu'un aura trouvé le moyen de le conserver dans des boîtes au des sacs pour l'offrir à la vente dans les villes. Ainsi, mon système ne dédaigne pas la nature. Au contraire: La terre, la montagne, le torrent, le bleu ciel, le murmure de la mer, l'air, le chant des oiseaux, tout cela ne prend un sens et ne trouve sa justification que dans mon système.
(Entre-temps les autres camisards arrivent les uns après les autres, par les diverses portes, en silence: ils écoutent)

Roland C'est Monsieur le Haut-Fonctionnaire qui donne un sens à la Création.

Colbert Vous autres simples, paysans, demeurés, vous n'avez aucune idée de rien. Vous croyez que les gens refuseront de travailler dans mes manufactures? Ils se battront pour y entrer. Quatre- vingt-dix personnes sur cent demanderont à pouvoir y travailler 49 heures par semaine, afin de pouvoir passer trois semaines, comme vous, à la campagne. Toute l'année, ils ne penseront à rien d'autre. Et les derniers habitants des campagnes les quitteront, pour que leurs petits-enfants puissent acheter une minuscule parcelle à la champagne, parmi les arbres, au bord d'une rivière. Refuseront-ils de travailler de la sorte? Au contraire, ils réclameront à grands cris. Ils demanderont une nouvelle constitution où figurera en premier: droit du travail, droit à une place dans les manufactures de Colbert pour chacun. Ils aimeront mon système, ils le soigneront s'il devait tomber malade. Ils feront tout pour sa conservation. Ils achèteront tout ce qui est à vendre, puis le jetteront, parce que la nouveauté rend caduc (obsolète) tout ce qui n'est pas elle. Acheter, non, désirer quelque chose, qui, du fait qu'on l'achète, rend nécessaire un nouvel achat.
C'est ainsi, oui, c'est ça.
Ils consacreront leurs loisirs à soigner leur forme physique, afin de se maintenir aptes au travail. Ils mangeront et dormiront, non parce qu'ils ont faim ou qu'ils sont fatigués, mais parce que c'est l'heure.
Ils inviteront des mets qui demandent peu de temps de préparation. Oui - vous ne pouvez pas vous l'imaginer - chacun achètera des denrées alimentaires plus chères, pourvu qu'on lui garantisse qu'elles n'ont pas de valeur nutritive. Tout cela pour le bien de mon système. Car la fin de mon système sera la fin du monde.
(Rires. Hilarité)

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La canonisation avortée de l’abbé du Chaila

Photo Alain Gas (Presses du Languedoc)

Note : ce texte est le résumé d'une communication qui sera présentée dans le cadre du colloque du tricentenaire de la guerre des Camisards, les 25 et 26 juillet 2002, au Pont-de-Montvert. Les principaux textes (Mingaud, Rescossier, L'Ouvreleul, et, plus près de nous, Albert Solanet et le dossier réuni à l'évêché de Mende en vue d'un éventuel procès de canonisation) seront analysés et cités en détail dans cette communication.

Depuis des siècles, l'Église catholique a mis au point une procédure complexe, le procès de canonisation, destinée à porter sur ses autels, et à offrir à la vénération des fidèles, des hommes et des femmes remarquables par leurs mérites, leurs sacrifices ou les prodiges que Dieu a pu accomplir par leur entremise. Cette procédure comporte, pour résumer très schématiquement, deux étapes principales : la béatification (l'intéressé est proclamé " bienheureux "), puis la canonisation (il est proclamé " saint "). L'Église orthodoxe proclame également des saints, alors que les Églises issues de la Réforme ont éradiqué un tel culte.

L'accession à la sainteté peut emprunter bien des voies ; le martyre, ou don de sa vie au nom de Dieu, est depuis toujours l'une des plus " assurées ", si l'on peut dire. À l'époque moderne, le martyre peut être le fait soit de victimes du protestantisme, soit de missionnaires tués sur des scènes lointaines en haine de la foi chrétienne. La principale difficulté, pour l'Église et d'abord pour le postulateur de la cause (le prêtre ou religieux chargé de réunir une documentation et de la défendre à Rome), consiste à bien cerner la cause de la mort : le candidat aux autels doit vraiment avoir été tué en haine du christianisme, et non, par exemple, pour des raisons politiques. Or il n'est pas toujours facile de distinguer entre le religieux et le politique : ainsi, les trop nombreux prêtres, religieux et religieuses assassinés pendant la Guerre d'Espagne, l'ont-ils été seulement en haine du christianisme, ou parce que dans l'esprit de leurs meurtriers ils étaient étroitement associés à un ordre social et politique injuste et à une insurrection militaire, celle du général Franco, qu'ils avaient quelque raison de détester ? On sait que l'Église catholique actuelle a tranché, et béatifié à deux reprises des " martyrs " de la guerre civile (122 en octobre 1992, 233 en mars 2001).

La situation se posait, pour l'abbé du Chaila, mutatis mutandis, dans des termes un peu similaires. Ses assassins avaient-ils visé en lui le seul prêtre, et, au-delà, le catholicisme ? On pouvait alors le proclamer martyr. Ou avaient-ils visé aussi, ou d'abord, l'inspecteur des missions des Cévennes au diocèse de Mende, son titre officiel depuis 1686, c'est-à-dire un homme directement lié au pouvoir royal et à la répression politique et militaire ? La réponse, pour l'historien, ne fait guère de doute : c'est parce qu'il venait de faire arrêter une poignée de jeunes gens et leur guide, dont le seul crime était de chercher à gagner les pays du Refuge, que les premiers camisards s'en sont pris à l'abbé. C'est bien l'homme de la répression royale, non le prêtre, qu'ils ont frappé, même si les premiers jours de la révolte sont consacrés à l'assassinat d'autres ecclésiastiques, dramatiquement (et souvent réellement) associés à la persécution antiprotestante dans l'esprit de leurs justiciers. Du côté des catholiques, en revanche, la tentation était forte, et assez légitime dès lors qu'on entre dans leur logique, de voir en l'abbé du Chaila un martyr de sa foi - d'autant plus que, jeune prêtre, il avait gagné le Siam avec l'abbé de Choisy, et pouvait donc se targuer d'une (très modeste) expérience dans les missions étrangères, ce que l'Église appréciait de plus en plus.

L'abbé du Chaila a-t-il connu, de son vivant ou au lendemain de sa mort, ce que l'on appelle une " réputation de sainteté ", qui est presque toujours le point de départ d'un procès de canonisation ? Il n'est pas facile de le dire. On sait qu'il n'a jamais fait l'unanimité, y compris au sein du clergé du Gévaudan - ce qui, du reste, ne prouve rien pour l'objet qui nous occupe. On ne sait rien, en revanche, de ce que pensaient de lui les catholiques des Cévennes ou du reste du diocèse - ce qu'en pensaient les protestants n'entre pas directement en ligne de compte. Sa mort, en revanche, est immédiatement rapportée, par divers chroniqueurs catholiques, d'une manière qui ne saurait tromper : le choix des anecdotes, les dialogues reconstruits, les expressions retenues, participent bien d'un travail hagiographique, destiné à nourrir une réputation ou à aller même un peu au-delà. Les relations de l'abbé Mingaud et de l'abbé Rescossier, qui furent parmi les plus proches compagnons de du Chaila, au temps du séminaire de Saint-Germain-de-Calberte, sont les plus remarquables à cet égard. Mingaud commence par écrire de l'abbé que " son zèle infatigable pour le salut des âmes […] lui avait fait traverser les mers pour annoncer l'Évangile dans le royaume de Siam ". Il affirme que l'abbé était monté dans la chaire de Saint-Julien d'Arpaon, le dimanche 23 juillet 1702, et qu'il y avait parlé de manière bouleversante de la grâce du martyre. Le même jour, ou le lendemain, il eut une discussion avec le même Mingaud et Castanet, le prieur des Balmes (près de Barre) : " Il fit une conférence dont le sujet fut savoir si les martyrs allaient droit au ciel sans passer au purgatoire ; il fut décidé que oui, parce qu'ils expiaient leurs péchés dans leur sang, étant un second baptême. Il semble que le Seigneur lui fit faire ces réflexions pour le fortifier à souffrir celui qu'il endura quelques heures après " (d'après une relation du comte de Morangiès, restée inédite). Tout est en place pour une mort édifiante, telle que la rapporte L'Ouvreleul : Esprit Séguier ayant proposé à Chaila de lui laisser la vie sauve s'il acceptait de suivre les rebelles et de faire parmi eux les fonctions de ministre, l'abbé se serait écrié: " Plutôt mourir mille fois ! " (édition de 1868, I, p. 29). Il est alors massacré. Le sacrifice de la vie plutôt que l'apostasie : le martyre ne saurait être mieux établi. Plus haut dans le Fanatisme renouvelé, L'Ouvreleul rapporte qu'on l'avait informé, au début de 1702, d'un complot en préparation contre l'abbé. Il s'en était immédiatement ouvert auprès de ce dernier, qui avait repoussé l'information, et " continué ses fonctions apostoliques, craignant moins la perte de sa vie que l'extinction de la foi dans les Cévennes " (ibid., p. 25). Henri Bosc, dans La guerre des Cévennes (Presses du Languedoc, 1983, I, p. 174 et note 51 p. 186) estime qu'il n'y a pas à remettre en cause le dialogue entre Séguier et du Chaila, reproduit dans les sources les plus sûres. Pourtant, Jacques Morin, dit Saltet, pasteur du Désert qui a rédigé vers 1742 une critique en règle du livre de L'Ouvreleul, destinée à Antoine Court, affirme que la proposition de Séguier a été purement et simplement forgée par le prêtre-historien, pour les besoins de la cause, et que la mémoire orale, au Pont-de-Montvert, rapporte seulement que l'abbé aurait proposé de donner sa bourse à ses assaillants, et, s'ils lui laissaient la vie sauve, de partir à Genève et de cesser toute persécution. Peut-être le nom de Genève a-t-il été saisi et interprété de diverses manières, au milieu des cris et du feu ?

Reprenons le récit de L'Ouvreleul pour en venir aux funérailles de l'abbé, que le prêtre préside à Saint-Germain-de-Calberte : " Il n'y eut personne qui ne fût attendri et ne versât des larmes à la vue du défunt quand il arriva à Saint-Germain, le jour de Sainte-Anne, porté sur un brancard, nullement changé, ayant la bouche ouverte et ses yeux fixés vers le ciel, le front un peu sanglant, avec un air de douceur qui effaçait les horreurs de la mort, en sorte qu'il semblait vivant ". Les pleurs de la foule, les yeux tournés vers le ciel, le corps en apparence intact : tous ces traits sont caractéristiques des réputations de sainteté.

Tout le dispositif, pourtant, semble confiné dans un cercle étroit, strictement ecclésiastique et littéraire. On ne sache pas que la tombe de du Chaila, placée dans l'église de Saint-Germain-de-Calberte (où il y a toujours eu un noyau catholique, proche du noyau plus fourni de Saint-Étienne-Vallée-Française), ait été l'objet d'une vénération particulière de la part des fidèles. L'Ouvreleul lui-même, lorsqu'il rédige, au début des années 1720, des Mémoires historiques sur le pays de Gévaudan, signale bien que le diocèse, même si le fanatisme l'a infecté, a donné des saints : mais il ne cite que la mère Marie-Marguerite du Villars, une religieuse morte en 1675 (et apparentée par sa mère à la famille de du Chaila !), dont il s'était fait le biographe en 1713. Les Mémoires ne contiennent même pas le nom de du Chaila.

Il faut donc attendre la seconde moitié du XIXe siècle, et la mise en place d'une nouvelle historiographie catholique particulièrement combative - même lorsqu'elle est sur la défensive, ce qui est presque toujours le cas -, pour voir renaître la mémoire de l'abbé du Chaila : une mémoire, là encore, surtout ecclésiastique et livresque. Les historiens protestants, les premiers à réagir, avaient construit autour de l'abbé une véritable légende noire : Napoléon Peyrat, notamment, avait donné libre cours dans ses Pasteurs du Désert (1842) à une imagination marquée par le romantisme, et insisté sur les prisons de l'abbé, ses ceps, ses techniques de torture (que l'ancien missionnaire aurait rapportées du Siam : tiges de roseau passées sous les ongles, etc.). Dans l'argumentaire anticlérical, les dragonnades et l'abbé rejoignent, sur un mode mineur, la croisade contre les Albigeois et l'Inquisition. Les prêtres érudits réagissent en promouvant une légende dorée. Ce sont d'abord des rééditions de textes du XVIIIe siècle. La chronique de Mingaud est rééditée en 1846, puis en 1889 (au Vigan) ; la Relation de la mort de l'abbé Langlade du Chayla, de Rescossier, est rééditée à Toulouse en 1853, le Fanatisme renouvelé, de L'Ouvreleul, à Avignon en 1868, la Relation de La Baume à Nîmes en 1874. La préface à la réédition de Rescossier parle à propos de du Chaila d'un " grand serviteur de Dieu " et d'un " parfum d'édification " (p. VI et VII). Ce sont aussi des études nouvelles, en partie suscitées par le bicentenaire de la révolte, au début du XXe siècle : en 1904, l'abbé Jean-Baptiste Couderc publie Victimes des Camisards, et en 1907, l'abbé Rouquette, L'Abbé du Chayla et le clergé des Cévennes. S'opposent désormais, comme Philippe Joutard l'a montré dans son livre classique (La légende des Camisards, 1977), les champions de l'abbé et ceux des camisards (A. Atger publie un Pierre Séguier, dit Esprit Séguier, en 1906).

De manière plus large, l'Église de France est entrée depuis 1791 dans un cycle de " persécutions " et d'exaltation de ses " martyrs " : elle pleure, ou honore, les victimes de la Révolution française, les zouaves pontificaux (des volontaires tombés en Italie, dans les années 1860, pour sauver les États du Pape), les victimes de la Commune, puis, sous le gouvernement d'Émile Combes (1902-1905), les congréganistes des deux sexes expulsés de leurs couvents et souvent contraints à l'exil. Dans ce contexte victimaire et doloriste, mais aussi violemment revendicatif (cf. l'antidreyfusisme et l'antisémitisme fonciers des catholiques), la figure de l'abbé du Chaila revêt une nouvelle importance. La tentation de la " sainteté " resurgit, y compris, et c'est nouveau, sur le plan de l'administration ecclésiastique, puisque seul l'évêque du diocèse où est mort le personnage peut ouvrir un procès informatif destiné à déboucher, éventuellement, sur le procès de canonisation. Mende a alors à sa tête, des années 1850 à la Première Guerre mondiale, des évêques de combat, souvent d'origine aveyronnaise, et qui font de la lutte contre le protestantisme cévenol une ambition centrale, même s'ils ne l'avouent pas toujours publiquement (mais ils le font, noir sur blanc, dans les rapports qu'ils laissent à Rome au moment de leurs visites dites ad limina). Ainsi le supérieur du Grand Séminaire à partir de 1881, et véritable patron du diocèse, l'abbé de Ligonnès, a-t-il échafaudé des plans pour la reconquête des Cévennes. En outre, il est le descendant collatéral de l'abbé du Chaila, ses archives familiales contenant diverses pièces ayant appartenu ou relatives à l'abbé - soulignons ici que lui-même est mort en 1926, évêque de Rodez, dans une authentique réputation de sainteté, qui n'a toutefois pas abouti. Toutes les conditions sont réunies pour un regain d'intérêt. Deux entreprises, l'une secrète, l'autre publique, sont lancées.

Dès 1883, Mgr Costes donne son autorisation pour que des fouilles soient effectuées dans l'église de Saint-Germain-de-Calberte : elles devront être secrètes et nocturnes. Les restes mortels du candidat doivent être en effet impérativement retrouvés pour la bonne marche du procès. Des ossements sont recueillis, sans certitude qu'il s'agisse de ceux de l'abbé, puisque bien des personnages ont été enterrés dans les églises, à l'époque médiévale ou moderne. En 1911, Mgr Gély nomme une commission d'information " pour rechercher s'il y a lieu d'introduire devant un tribunal ecclésiastique l'examen de la vie et du martyre de l'abbé du Chaila ". La première réunion a lieu à huis clos, dans la chambre du supérieur du Grand Séminaire (Paul Nègre, qui préside la réunion, le secrétaire étant Albert Solanet, un Floracois, professeur au séminaire). L'abbé Achille Foulquier, qui s'est fait l'historien très érudit du diocèse de Mende, est interrogé sur le bien fondé de la démarche. Il émet des réserves (" On ne peut s'empêcher de convenir que la sévérité de l'abbé du Chaila à l'égard des fanatiques rebelles fut parfois excessive ", écrit-il le 27 janvier 1911), puis se rallie. À partir du 10 juin 1914, de nouvelles fouilles sont entreprises dans l'église de Saint-Germain, toujours de nuit, par le curé Fraisse et un maçon catholique : la terre et le rocher ont été remués sur 19 m2 de surface et 1,80 de profondeur. Le 15 octobre, enfin, le tombeau construit par l'abbé du Chaila est retrouvé, ainsi que le devant d'une chasuble. Pour plus de détails, on se reportera à l'excellente biographie de Robert Poujol, L'abbé du Chaila (Presses du Languedoc, 1985, p. 248-255, réédition annoncée pour 2001). Le même auteur signale l'existence de diverses reliques ayant appartenu à l'abbé (écritoire, morceau de soutane, cilice). Il faut souhaiter que tel ou tel de ces objets puisse être montré lors de l'exposition qui aura lieu au Pont-de-Montvert en juillet 2002. Si ces recherches et commission sont secrètes, une campagne est entamée au grand jour dans la presse religieuse. L'abbé Alexis Solanet, le tout-puissant patron de la Semaine religieuse, propose dans ses colonnes, en 1901 (p. 279-281 et 523-526), qu'une biographie de l'abbé du Chaila soit rédigée, pour servir de pendant à celle d'un autre Lozérien, le jésuite Paul Ginhac, mort récemment en odeur de sainteté (et dont la cause sera plus tard officiellement ouverte à Rome). Son cousin, Albert Solanet, déjà nommé, confie en 1913 à la prestigieuse revue des jésuites (qui avaient dirigé le séminaire de Mende avant 1880), deux articles sur " Un épisode de la guerre des Camisards ". Il conclut ainsi un travail nourri aux meilleures sources, mais tout hagiographique : " Pour nous, nous rapprocherons volontiers l'abbé du Chaila du Bienheureux Pierre de Castelnau [mis par le pape Innocent IV au nombre des martyrs], assassiné par ordre de Raymond VI, comte de Toulouse, pour avoir excommunié, en sa qualité de légat du pape, ce protecteur des hérétiques albigeois. Tous deux ont été mis à mort pour leur zèle à servir l'Église attaquée par l'hérésie. Si la cause du martyre de l'inspecteur des missions des Cévennes était, selon le désir de beaucoup, évoquée devant les tribunaux ecclésiastiques, nous ne doutons pas que ceux-ci ne se laissent point arrêter par les calomnies de Court [Antoine Court et son Histoire des troubles des Cévennes], mais soient au contraire heureux de venger sa mémoire outragée pour "son dévouement héroïque" à la cause de Dieu. S'il plaisait à la miséricorde divine de ramener à l'unité de la foi, par l'intercession de l'abbé du Chaila honoré par l'Église du titre de martyr, le peuple pour lequel il sacrifia sa vie, on reconnaîtrait une fois de plus combien le Seigneur est admirable dans ses saints " (Études, 1913, p. 761).

On ne saurait être plus clair, ni plus magistral dans l'utilisation de la rhétorique et des valeurs profondes du catholicisme. La " cause " de l'abbé du Chaila, pourtant, n'est pas allée plus avant. La Première Guerre mondiale a fait vieillir d'un coup l'échafaudage imaginé par une poignée de prêtres que révulsait le cours républicain pris par l'histoire de France. En 1942, toutefois, le chanoine Bouniol, répondant à un questionnaire en vue de la réalisation d'un Dictionnaire des Missions, met en tête d'une série de biographies remarquables, celle de du Chaila : " Missionnaire [au Siam], est condamné de ce chef au supplice de la cangue. […] Rentré en France, […] il trouva une mort glorieuse, assassiné en haine de la foi, dans l'épisode des guerres de religion dite guerre des Camisards " (texte dactylographié conservé aux archives diocésaines de Mende). Mais rien ne prouve que l'Église aurait suivi les Solanet et leurs amis : un procès de canonisation est un procès contradictoire, dans lequel un " avocat du Diable " (la fonction existe réellement) s'efforce d'accumuler des documents allant contre la réputation du candidat, afin de réduire le risque de porter sur les autels une personne qui n'en serait pas digne ; il n'aurait pas été difficile de trouver, même dans les rangs du clergé, des sources ou des analyses invitant au moins à la prudence. Le procès du Père Ginhac, pour revenir à lui, n'a pas abouti, et n'aboutira sans doute jamais, tant on juge aujourd'hui inutilement rigoriste la piété pourtant irréprochable de ce directeur de conscience .

Le fidèle de l'Église catholique a pleinement le droit d'apprécier le modèle que l'Église lui tend en béatifiant ou canonisant tel ou tel être humain, et de s'en inspirer. L'historien peut se réjouir à juste titre de l'extraordinaire matériau que lui propose cette même Église : il y a une histoire, une géographie, une sociologie de la sainteté, qui en disent long sur les sociétés et les âges qui fournissent les saints, puis les proclament, parfois des siècles plus tard (Jeanne d'Arc a été canonisée en 1920). Mais le citoyen, lui, doit prêter une attention extrême à ce travail de mémoire qu'est tout procès de canonisation : la mémoire est un matériau délicat, fragile, parfois explosif, et Renan a eu raison de dire que les sociétés ont parfois besoin d'oubli autant que de commémoration. Il suffit de tourner à nouveau le regard vers l'Espagne et de poser la question: la béatification des " martyrs " de la guerre civile va-t-elle dans le sens de l'apaisement et du pardon mutuels ? Il est sage de laisser l'abbé du Chaila et les camisards aux historiens, et à leur travail, que doivent caractériser la patience, la rigueur, l'honnêteté. Les commémorations de 2002 seront, à n'en pas douter, conçues en ce sens.

Patrick CABANEL

Le prophétisme cévenol de 1685 à 1702

Conférence de Jean-Paul CHABROL, Musée du Désert,

2 septembre 2001

À sa traduction du Théâtre sacré des Cévennes - cette émouvante " bible " du prophétisme languedocien - le prophète anglais John Lacy a donné un beau titre, celui qui exprime peut-être le mieux l'essence même de ce phénomène bouleversant : A Cry from Desert, un " cri jailli du Désert ", ce tragique désert cévenol où " Dieu faisait crier les pierres " selon Claude Brousson.
En effet, en ces années de misère et de crise qui signent le crépuscule du règne de Louis XIV, une parole inouïe et radicale se déploie à travers les Cévennes traumatisées par la Révocation de l'Édit de Nantes.
Cette parole véhémente est celle des petits prophètes qui se sont multipliés en Languedoc oriental depuis 1688. Né cette année-là en Dauphiné, ce prophétisme juvénile franchit le Rhône pour gagner, par violentes bouffées successives, le Vivarais, les garrigues subcévenoles, les basses puis les hautes Cévennes.
Cette parole torrentielle, comme si elle ne se suffisait pas à elle-même, est accompagnée d'une gestuelle stupéfiante qui dérange encore de nos jours. Les petits prophètes soupirent, gémissent, sanglotent, versent des larmes qui sont parfois de sang au grand étonnement des témoins. Ils frémissent ou tremblent de tous leurs membres. Au terme de brutales secousses, ils tombent fréquemment à la renverse. D'autres restent parfois au sol comme morts pendant de très longues minutes.

I. Qui sont ces gens singuliers qui s'expriment ainsi par le verbe et par le corps ? Qui sont ces exaltés qui enfièvrent les Cévennes ?

À l'exception de quelques nourrissons et d'une poignée de vieillards, les prophètes sont dans leur grande majorité des jeunes gens - des filles et des garçons - qui appartiennent à la génération née en deçà et au-delà de la funeste année 1685. Cette génération n'a pas connu l'encadrement religieux et moral des consistoires et des pasteurs. Forcée de fréquenter les petites écoles catholiques et d'aller, sous la contrainte, à la messe, cette génération vit très mal l'hypocrisie qui consiste à être catholique le jour et protestant la nuit. Un prophète camisard a très bien souligné le trouble suscité par ce double jeu honteux. Il écrit : " Forcé par les uns, dès mon enfance, à fréquenter les messes, et instruit autrement par mes parents [...] ma première jeunesse se passa [...] ainsi dans l'embarras de je ne sais quels doutes " (Élie Marion).
Ces jeunes filles et ces jeunes garçons sont des gens de peu, des pauvres pour le plus grand nombre : bergers, bergères, brassiers, fileuses, cardeurs... Pour les personnes de qualité, les puissants et les dominants, les prophètes sont des gueux, un ramassis de gens sans aveu, une vile populace de rustres illettrés qui ose se piquer de religion et défier les représentants du Roi. Face au déconcertant comportement des petits prophètes, les bons Messieurs et les bonnes âmes, catholiques et protestants confondus, s'émeuvent, se récrient, se scandalisent. Certains se gaussent et ironisent facilement sur les postures de ces enfants ou de ces adolescents emportés par leur enthousiasme religieux. À l'unisson, ces beaux esprits si raisonnables ne sont pas avares de qualificatifs. Sous la plume, les prophètes sont des imposteurs, des simulateurs, des comédiens, des fous et des malades. D'autres fantasment sur une " Fabrique des Prophètes " qui n'a, bien entendu, jamais existé. D'aucuns comparent les inspirés à des bêtes qui hurlent comme des loups ou aboient comme des chiens. En un mot, bref et sans appel, et qui fera fortune : ce sont des " fanatiques " ! Plus tard, on écrira des " fous de Dieu ". Et voilà l'inspiration décrite comme un fanatisme sans cesse renouvelé, une épidémie aussi redoutable que la peste. Au refuge, le prophétisme provoque de véhémentes polémiques théologiques. Mais à l'exception notable de Pierre Jurieu et de Claude Brousson, la majorité des ministres manifeste " une réprobation dédaigneuse et obtuse " (E. Labrousse) à l'égard des enfants prophètes.

II. Que disent ces gens du peuple avec leurs pauvres mots prononcés en un français maladroit ? Que signifie cette religiosité émotive, pathologique, qui alarme les " puissances " du Languedoc et chagrine le Refuge ? Quel sens donner à cette formidable prise de parole collective qui embrase le pays cévenol de la Plaine à la Montagne ?

Puisant par bribes dans les Écritures et les sermons des prédicants (François Vivent, Jean Roman, Claude Brousson pour ne citer que les plus célèbres), influencés par les lettres pastorales de Pierre Jurieu, les petits prophètes portent la parole biblique jusqu'à l'incandescence. Dans cette langue sacrée et rustique, emplie de formules extraites de l'Ancien Testament, se lisent la punition, la douleur, la fureur, le désespoir et l'espoir.
Ces citations bibliques hachées, ces corps adolescents secoués de spasmes, ces visages torturés et inondés de larmes sont aussi une manière de combler le vide spirituel créé par la désertion des ministres, de combler aussi la distance culturelle qui séparait le peuple de ses minces élites. On est en effet loin, très loin du raffinement théologique, des beaux sermons ampoulés, de la rhétorique brillante et ciselée qui a marqué la littérature classique du XVIIème siècle. À travers ce langage singulier et brutal, c'est la culture religieuse du pauvre qui s'exprime sans fard. Sans équivoque aucune, elle témoigne d'un attachement viscéral à Dieu et à la foi des ancêtres.
Ayant pour mémoire l'errance d'Israël dans le Désert, les inspirés ne cessent de crier - dans un parler biblique chaotique - " l'essentielle blessure dont les huguenots sont à la fois victimes et coupables " (D. Vidal).
Pour comprendre l'origine de cette douloureuse et profonde blessure, il faut se souvenir de la tentative - totalitaire avant l'heure - de Louis XIV d'anéantir non seulement une foi mais aussi une culture façonnée par plus d'un siècle de calvinisme. N'oublions pas les temples détruits et rasés, les pasteurs contraints à l'exil, les cultes et les livres saints interdits. C'est en effet tout l'appareil ecclésiastique qui est détruit en l'espace de quelques semaines et, par voie de conséquence, c'est toute l'armature sociale qui s'effondre laissant le champ libre à ce déferlement de paroles sans précédent. N'oublions pas l'incroyable violence qui s'exerce contre un peuple désarmé et démuni : les brutalités des soldats, le pays mis en coupe réglée, l'exil et le bannissement, les prisons et les galères, les pendaisons, les corps démembrés sur la roue et livrés ensuite au bûcher !
C'est dans ce contexte de crise marquée par la perte des repères identitaires que jaillit la parole dolente des prophètes, " ces pierres que Dieu fait crier dans le désert " cévenol. Elle dit d'abord le refus d'un anéantissement annoncé sinon programmé. Elle est l'expression d'une forme d'insoumission inédite.
Ce désastre sans pareil interpelle la génération des inspirés. Prédicants et prophètes trouvent une explication aux malheurs endurés dans les tribulations et les épreuves du peuple hébreu à sa sortie d'Égypte. Tous savent que le peuple d'Israël, dans sa longue errance à travers le Sinaï, a été souvent châtié par Dieu pour sa désobéissance, son infidélité et son idolâtrie.
Les prophètes connaissent par cœur les malédictions promises à un peuple impie. N'ont-ils pas lu dans le Deutéronome, ou entendu dans les Assemblées, cette question que des enfants pourraient un jour adresser à leurs parents punis par Dieu : " pourquoi l'Éternel a-t-il ainsi traité votre pays ? pourquoi cette ardente, cette grande colère de Dieu ? ". Pourquoi les huguenots français sont-ils, eux aussi, châtiés par Dieu ?
Les inspirés endossent le malheur et l'humiliation de leurs parents et de leurs grands-parents qui ont brutalement et massivement apostasié en 1685. Cette abjuration collective a développé au sein de la population nouvellement convertie un formidable sentiment de culpabilité dont on a du mal aujourd'hui à mesurer l'ampleur et la profondeur. Ce sentiment, le discours des prophètes le traduit à sa façon en martelant : l'affliction, la honte, la souillure, la corruption, la perdition. Jusqu'à l'obsession voire la névrose, l'expressionnisme convulsif des inspirés exprime la faute et le péché. D'où, à travers les transes, ces lancinants et lugubres appels à la repentance, à la pénitence et à la miséricorde. Abraham Mazel, dans ses mémoires dictées à Londres, se souvient de ces imprécations et de ces injonctions qui ravivaient la brûlure de l'apostasie et de la faute : " Amendez-vous, repentez-vous, n'allez plus à la messe, renoncez à l'idolâtrie ! ".
Toutefois, le discours prophétique n'est pas un repli morbide et suicidaire sur le malheur et la souffrance, ni même une résignation. Il exprime aussi une espérance. Les inspirés - à la suite des prédicants - savent que Canaan est proche, que la délivrance succédera aux épreuves. Cette identification à " Israël selon l'esprit " se double d'une lecture apocalyptique de l'histoire immédiate et cruelle vécue par les huguenots. La parole des prophètes se repaît, toujours par fragments et non sans déformations, des spéculations eschatologiques, millénaristes, de Pierre Du Moulin et de Pierre Jurieu qui annoncent dans leurs écrits diffusés en Cévennes, la délivrance prochaine de l'Église, la ruine de Babylone, le châtiment de Pharaon autrement dit Louis XIV. Ici et là, des inspirés annoncent même l'imminence de " la fin du monde et de la dernière heure ". Les prophètes du malheur huguenot sont aussi prophètes de bonheur, ce " bonheur de mille ans " (J. Delumeau) qui succédera à la délivrance.

Mais dans l'espérance inquiète de cette délivrance, la répression royale ne faiblit pas bien au contraire. Elle exaspère de plus en plus une population cévenole opiniâtre qui crie partout dans les réunions au Désert que " Dieu la vengera ".
C'est à partir de l'automne 1701 que le prophétisme se répand dans les hautes Cévennes, une région où depuis 1686 se singularise par son zèle répressif un certain Abbé du Chaila. Entre Aigoual et Bougès, apparaissent de nouveaux prophètes, des vagabonds de Dieu qui ne cessent de tenir, au péril de leur vie, des assemblées religieuses malgré les rigueurs du climat et une répression toujours plus sanglante. Parmi eux, Henri Castanet de Massevaques ; Françoise Brès du Pont-de-Montvert ; Esprit Séguier du Magistavols.
En l'espace de quelques mois, de janvier à juillet 1702, le phénomène prophétique enfle dans une étrange atmosphère de fin du monde et de grande colère mal contenue. Plus grave, les inspirations des prophètes se radicalisent et se chargent d'une " énergie vengeresse " (C. Bost) inquiétante pour l'avenir. Désormais, les ombrageux prophètes des hautes terres sont fermement décidés à délivrer l'Église comme le rappelle la célèbre vision d'Abraham Mazel des " grands bœufs noirs qui mangeaient les choux du jardin ". Au mois de juillet 1702, au sommet du Bougès, nouvel Horeb, les inspirés se muent en " instruments de la vengeance de Dieu " (Ph. Joutard). Le meurtre rituel de l'Abbé du Chaila marquait le début de la guerre des Camisards, une guerre menée de bout en bout par des prophètes armés...

Jean-Paul CHABROL, Barre-des-Cévennes, août 2001.

Stages d’écriture littéraire « L’univers Camisard »

Été 2002, Tricentenaire de la Guerre des Cévennes
Retrouvez l¹Histoire, les lieux, l¹émotion, la trace

Proposés et conduits par
Alain Bellet, écrivain et nouvelliste
auteur du Petit Camisard (Nathan)

Foyer Rural de Valleraugue - 30570, Gard

Écrire en groupe est un moment privilégié de rencontres, de création artistique, de découvertes. On part de rien, juste un désir, et soudain les idées fusent, l¹imaginaire galope, des situations et des personnages prennent vie....
Des bribes, des nouvelles littéraires individuelles ou collectives suivront des jeux d¹écriture pour permettre de se réconcilier avec les mots, découvrir et recomposer l¹histoire d¹une manière ludique... La fiction offre alors à la mémoire collective de belles pages de souvenance active...

Bibliographie d'Alain Bellet

Romans noirs : Aller simple pour Cannes (L'Instant) Les anges meurent aussi (Gallimard) Saison d¹hivernage (In fine) Danse avec Loulou, le Poulpe (Baleine-Seuil)
Récits : Jeanne & André, un couple en guerre (La Barbacane) Dans la brume de l¹Aude (Companhs de Caderonne)
Jeunesse : Le petit Camisard (Nathan) Matelot de la Royale (Milan) La machine à histoires (Le Verger) Le Gamin des barricades (Milan) Le Noyé du Canal Saint-Martin (Magnard) La Dicteuse de lois (Balzac, Canada) Les mutins du Faubourg (Magnard)
Récits et nouvelles illustrés par la photographe Patricia Baud : Le Trésor de Benito ( Le Temps des Cerises) Nuit Agenaise (La Barbacane) Voyage en Grande-Terre (Brut de Béton) Mises en route (Musée National de Compiègne)
Documentaires : Achères, c'est mon nom! Photos P. Baud (In Fine) L¹Art pour mémoire, photos Éric Larrayadieu (CCAS) Paris des Arts et des Révoltes, coauteur et photos, Patricia Baud (Alfil)
Nouvelles en ouvrages collectifs :
Black exit to 68 (La Brèche) L'Encrier des espérances, Black label à Belleville (L¹Harmattan), Clins d¹¦il à la Nouvelle (Alfil) Quelques faits d¹hiver (Droit au logement) Pour les Droits de l¹Homme, Confidences (Castor Astral) Requiem pour un muckraker (Baleine) L¹eau, Le Castor Astral (2002)
Derniers livres d¹ateliers d¹écriture ...
adultes : Mots de Nuits, l¹écriture contre le racisme (2001, Le Rouergue) L¹envie des Mots, Cinq écrivains en milieu carcéral (2001, CBA), Le Plaisir d¹Écrire, Lutter contre l¹illettrisme (juin 2001, Région Alsace).
Enfants : Environnement, découverte et nature, 294 élèves de Melun.
Adolescents : Mosaïques, jeunes du Bassin Minier, photos P. Baud, L¹¦il d¹Or (juin 2002). La ville des rencontres, photos P. Baud, Monptellier, Classe Ouverte Le Revers des images, poèmes, photos Patricia Baud, L¹Harmattan) Masques, nouvelles en Centres de Formation des Apprentis, Région Centre, Tu connais la nouvelle !

Inscription

Bulletin à renvoyer à l¹adresse ci-dessous ou à déposer à la Maison de Pays de Valleraugue 30.570 (Gard)

INSCRIPTION AU STAGE D'ÉCRITURE LITTÉRAIRE AVEC ALAIN BELLET

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- Stage de 3 jours : 50 Euros
- Chômeurs, étudiants, lycéens : 35 Euros
- Participation à une journée : 20 Euros , laquelle................

Je joins à ce bulletin un chèque de ............... Euros pour la participation aux frais, libellé à l¹ordre de Active (Association Culturelle pour le texte et l¹image vivante) 6, rue des Filles du Calvaire, 75.003 Paris. association.active@wanadoo.fr

Renseignements & inscriptions

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Maison de Pays de Valleraugue (Gard) 
04.67.82.25.10
office.tourisme.valleraugue@wanadoo.fr 
Site : http://aigoual-cevennes.com

Revue de Presse de la commémoration du Tricentenaire de la guerre des camisards

Cette revue de presse n'est pas encore complète : au fur et à mesure de leur réception nous intègrerons les nouveaux articles. Seuls les articles concernant la célébration "officielle" du Tricentenaire sont pris en compte.

Midi Libre du 1er août 2002 : "Pour le tricentenaire de la guerre des camisards, un lieu de mémoire remis à jour"

 

Article de la Lozère nouvelle du 2 août 2002 : "Notre richesse réside dans la découverte de l'autre"

 

Article de la Lozère nouvelle du 2 août 2002 : "Une histoire passionnée mais de plus en plus partagée"

 

Midi Libre du 7 août 2002 : "Peut-on commémorer la guerre des camisards ?

Bilan du Tricentenaire de la guerre des camisards

juillet 1702 - juillet 2002

Lundi 22 juillet, ouverture des manifestations du Tricentenaire au Plan de Fontmort

Au terme des diverses manifestations organisées en juillet 2002 à l’occasion du Tricentenaire de la guerre des camisards, un bilan très positif peut être tiré. Les Camisards sont " toujours vivants ", comme l’écrivait l’historien Philippe Joutard au terme de sa thèse sur la Légende des Camisards (1977), publiée il y a exactement un quart de siècle. De cette vitalité et de ce succès, trois éléments peuvent témoigner.
C’est d’abord le succès public qui n’a cessé de marquer les diverses manifestations : rencontres de l’association Abraham Mazel, au début du mois ; coup d’envoi de la " semaine camisarde " dans les hautes Cévennes lozériennes, le 22 juillet au Plan de Fontmort, haut-lieu camisard ; randonnées convergeant aux Trois Fayards (Tres Faus), près du sommet du Bougès, le 24 juillet, sur le lieu même où se sont réunis les premiers rebelles : une centaine de personnes y ont écouté, à 1400 mètres d’altitude, et sous le vent, les interventions de Henri Mouysset, Patrick Cabanel et Philippe Joutard ; colloque historique international du Pont-de-Montvert, les 25 et 26 juillet, dont les travaux ont été suivis par environ 300 personnes chaque jour, beaucoup d’entre elles ayant été contraintes de trouver place dans une seconde salle, sonorisée ; célébration œcuménique dans le temple du Pont-de-Montvert, le 27 juillet, avec le pasteur de Mende et le vicaire général du diocèse, devant une assemblée très fournie, composée pour moitié de catholiques et pour l’autre de protestants ; culte au Désert et après-midi historique à la Cam de l’Hospitalet, le dimanche 28 juillet. Les conférences données ici et là par Henry Mouysset, Pierre Rolland, Philippe Joutard ou Patrick Cabanel ont fait salle comble. Le public a multiplié les interventions et les questions, notamment au Pont-de-Montvert et à L’Hospitalet, montrant combien le sujet le passionnait.
La presse a largement couvert l’événement : citons FR 3 Languedoc-Roussillon, France Bleue Gard-Lozère, Radio-Interval, le Midi Libre (éditions d’Alès et de Mende), La Lozère nouvelle, la Semaine de Nîmes, la Gazette de Montpellier, Évangile et Liberté. La presse nationale elle, a été absente : une commémoration nationale dans un coin de montagne aussi perdu que le Pont-de-Montvert, et non à Paris, entraînait ce risque. Le préfet de la Lozère, le président du conseil régional du Languedoc-Roussillon et sénateur de la Lozère, le président du Conseil général de la Lozère, le président du conseil d’administration et le directeur du Parc National des Cévennes ont honoré de leur présence l’inauguration de l’exposition " Guerre civile en Cévennes. Tricentenaire de la guerre des camisards ", à l’Écomusée du Mont-Lozère (Pont-de-Montvert), le 25 juillet.
Deuxième aspect positif, l’atmosphère générale des travaux et des cérémonies. Alors que naguère encore les mémoires étaient divisées entre catholiques et protestants lozériens ou gardois, elles ont été réunies, notamment au Pont-de-Montvert : outre la célébration œcuménique rappelée ci-dessus, on a pu écouter lors du colloque des historiens protestants et catholiques (mais aussi des agnostiques sans rattachement confessionnel), et des communications portant sur les catholiques et les prêtres aussi bien que sur les camisards et les prophètes. Philippe Joutard a tenu à souligner que les deux éditeurs du livre qui va rassembler les travaux du colloque sont un catholique qui s’est intéressé aux camisards (lui-même) et un protestant qui s’est intéressé à l’histoire des prêtres (P. Cabanel). Il y a là, entre tant d’autres, un symbole de ce que l’histoire des divisions et des haines du passé peut être faite, aujourd’hui, autour d’une même table, comme le diraient des négociateurs d’accords ou de traités : les identités de chacun ne sont pas pour autant niées ou écrasées, il s’agit au contraire de comprendre dans quelle logique et quelles références l’autre a pu se mouvoir. Le respect et l’apaisement surgissent de ce type de compréhension, respectueuse des mémoires et soucieuse d’histoire.
Dernier aspect positif de cette première phase de la commémoration, la nouvelle vague éditoriale qui va récompenser les amateurs de cette histoire. Henry Mouysset a déjà fait paraître son " calendrier " des premiers jours de la révolte (Les premiers camisards. Juillet 1702, Montpellier, Les Presses du Languedoc), tandis que Pierre Rolland réinscrit la guerre dans l’histoire longue du protestantisme en hautes Cévennes (Chronique des luttes religieuses en hautes Cévennes 1550-1740. Lamelouze et Saint-Martin de Boubaux Montpellier, Les Presses du Languedoc). Le 1er septembre, à l’occasion de l’assemblée annuelle du Musée du Désert, on pourra trouver sur le stand du même éditeur les actes du colloque du Pont-de-Montvert (Les Camisards et leur mémoire, 1702-2002) et les rééditions de deux grands classiques, l’Histoire des troubles des Cévennes ou de la guerre des camisards, d’Antoine Court, un précis irremplaçable par la diversité de ses sources et la qualité de leur analyse (l’édition est due à cinq historiens spécialistes de Court et des camisards), et l’Histoire des pasteurs du Désert, de Napoléon Peyrat, le grand livre romantique dont Michelet aurait pu signer bien des pages. L’été 2002 aura tenu toutes ses promesses commémoratives.

Intervenants au colloque du Tricentenaire à l'Ecomusée du Pont-de-Montvert

Le temple du Rouve

Le temple du Rouve. Lieu de mémoire des Camisards

Tel est l'intitulé de l'association qui a pour objectif de créer un lieu de mémoire de la Guerre des Camisards là où elle s'est déclenchée, sur les contreforts de la chaîne du Bougès, au Rouve, commune de Saint André de Lancize.

Commémorer une guerre n'est pas un objectif en soi. Ici , nous voulons commémorer 3 choses : une belle page de résistance à un pouvoir totalitaire, un combat dont la seule revendication est la liberté de culte et de conscience, enfin un conflit qui, avec un décalage dans le temps débouche sur la Déclaration des Droits de l'homme et du Citoyen.

Nous avons bon espoir que la réalisation de ce projet, donc l'ouverture de ce lieu au public soit effectif en juillet 2012.
Un montage audio-visuel retraçant cette histoire a été réalisé ( voir la rubrique films sur les Camisards ).

Pour tous renseignements complémentaires :

Pierre BaÏ 
Le Rouve-Bas
48160 Le Collet de Dèze
04.66.45.13.27 

Pierre-Jean Ruff
107 Av. Simon Bolivar
75019 Paris
01.42.02.79.22

DVD sur la Guerre des Camisards.

L'association Le Temple du Rouve. Lieu de mémoire des Camisards a réalisé un montage audio-visuel de 30 minutes intitulé : la Guerre des Camisards en ses débuts dans les Hautes Cévennes. Il y a là, de façon concise un historique de cette guerre, de ce qui l'a engendré, de ce qui l'a inspiré et de ses conséquences. Ce DVD ne sera commercialisé qu'à partir de l'ouverture au public du lieu de mémoire, probablement en juillet 2012.
Mais dès à présent nous le présentons volontiers à tout groupe, grand ou petit, qui en ferait la demande.

Pour tout renseignements :
Pierre-Jean Ruff. 107 Av. Simon Bolivar. 75019 Paris . 01.42.02.79.22

Assemblée du Désert du 2 septembre 2001 au Mas Soubeyran

DIMANCHE 2 SEPTEMBRE 2001

"Vos fils et vos filles prophétiseront …"

L'Assemblée du 2 septembre 2001, au Mas Soubeyran, inaugurera un cycle commémoratif du mouvement camisard en Cévennes.

C'est, en effet, en 1701 qu'Abraham Mazel et Elie Marion, héros et narrateurs de la fameuse "Guerre des camisards" (1702-1705), situent l'origine de cette histoire : "Tout le monde sait le grand nombre d'inspirés que Dieu suscita (alors) dans les Cévennes pour prêcher sa Parole et pour réveiller le peuple protestant de l'assoupissement dans lequel il était depuis que le roi avait révoqué l'Edit de Nantes". Pour Abraham Mazel et Elie Marion, c'est l'Esprit "répandu sur plusieurs personnes de tout âge, de tout sexe" qui releva le peuple abattu dans le malheur. Leurs mots font écho à ceux du prophète Joël (3:1)*, relu comme Parole vive en ces temps où la Parole était interdite dans le royaume. Longtemps gommée de l'histoire du protestantisme français, la présence du prophétisme dans le mouvement camisard suscite aujourd'hui un regain d'intérêt chez les historiens.

* ou Joël 2:28 selon les versions

Au-delà de l'évocation de ce tricentenaire, c'est le phénomène prophétique lui-même qui sera au cœur de notre réflexion. Traversant les Ecritures bibliques, présent aux origines du christianisme, resurgissant dans les temps de crise, le prophétisme, lié à l'attente intense des temps derniers, a accompagné la Réforme protestante du XVIème siècle et tous ses rebonds de Réveil, aux XVIIIème et XIXème siècles. Mais c'est sans doute depuis le début du XXème siècle qu'il a connu sa plus grande expansion en Amérique et en Europe. Toujours suspecte aux pouvoirs et aux Eglises établies, cette modalité effervescente de Parole interroge l'identité chrétienne et plus particulièrement protestante.

"Voici ce qui arrivera dans les derniers jours, dit Dieu : je répandrai de mon Esprit sur tout être humain. Vos fils et vos filles prophétiseront …". Ce verset de Joël cité par l'apôtre Pierre le jour de la Pentecôte (Act. 2:16-21), et à sa suite par tant de croyants d'hier et d'aujourd'hui, sera le fil conducteur de la journée.

Le culte du matin, à 10 h 30, sera présidé par Régina MULLER, pasteure de l'Eglise réformée de France à Uzès.

L'après-midi, on entendra les allocutions de Jean-Paul CHABROL, historien, et de Sébastien FATH, chercheur au C.N.R.S. Le message final sera donné par Marcel MANOEL, pasteur de l'Eglise réformée de France à Nîmes-Oratoire.

4e rencontres Abraham Mazel 2001

Vendredi 6 juillet

17h - Maison Mazel : lancement des Rencontres et verre de l’amitié
18h - Eckart Birnstiel - Professeur d’Histoire Moderne - Le Mirail Toulouse: " Le Brandebourg-Prusse- Terre d'asile des persécutés religieux (XVIIe-XVIIIe siècles) "

Samedi 7 juillet : Journée consacrée au "Prophétisme Cévenol" à la Maison Mazel

- l0h: Daniel Vidal - Docteur ès Lettres- Directeur de Recherches au CNRS " Les prophéties en Languedoc - Cévennes - le malheur sur soi retourné"

11h30: Jean-Paul Chabrol - Enseignant- Chercheur à l'IUFM d',Aix -Marseille - Historien des Cévennes: "Le prophétisme camisard en Europe et dans le Nouveau Monde : Sur les traces d'Elie Marion "

Repas à 13h

14h30: Pierre Rolland - Géographe-historien : "Tornac, St-Sébastien d’Aigrefeuille, Mialet, le prophétisme à la veille de la guerre des camisards"

15h30 : Table ronde, discussion

DIMANCHE 8 JUILLET

Journée consacrée au thème "Majorités/minorités" Maison Mazel
l0h30 : Robert Sauzet - Professeur émérite à l'Université de Tours -Doyen honoraire du Centre d’Etudes Supérieures de la Renaissance : "Protestants et catholiques cévenols : une coexistence souvent conflictuelle"

Chrystel Bernat - Etudiante-Chercheur : " Catholiques et Protestants durant la guerre des Cévennes : minorités-majorités devant l'histoire "

Eckart Birnstiel - Professeur d’Histoire Moderne : modérateur de la table ronde

13h repas

14h30 : Mansour Sayah - Maître de conférences de linguistique générale au département des langues étrangères de l’Université du Mirail -Toulouse: " Violence urbaine, violence verbale et cohabitation " fromages-beurs".

15h30: Jean-Pierre Laval -Animateur Association "Païs nostra" - Journaliste France3 Sud- rédacteur occitan "Culture et langue occitanes minoritaires ou minorisées ?"

Jean Vialade -Viticulteur Bio - Ancien leader du Comité d'Action Viticole de l'Aude: - " Agriculture dominante et agriculture paysanne "-

17h : Concert Christian Pierredon

15 au 30 juillet - Salle du Foyer Monplaisir à Mialet: Exposition de peintures : "Un parcours à travers l'oeuvre d'Aimé Esposito Farèse"

Dimanche 15 juillet 12h : vernissage

Ouverture de 10h à 13h et de 16h à 20h

A partir du 15 juillet: pièce de théâtre compagnie Anne Clément (Maison Mazel ou Corbès)

2- 3- 4- 5 ou 17- 18- 19- 20 juillet Concert classique : Bach et musique baroque du XVIIIe : 2 flutes, 1 orgue, 1 violoncelle

Randonnées Huguenotes en Ardèche 2001

Samedi 9 Juin

PRIVAS

Villeneuve et les alentours de Privas, le château d’Entrevaux.  randonnée en partie à pied. 9 heures au Champ de Mars à Privas

Samedi 30 Juin

VERNOUX

Alboussière, Champis, Leyrisse, "le Serre des Camisards" Ponsoye. 9 heures place de la Bascule Alboussière

Samedi 21 Juillet

BOUTIERES

Albon, Marcols les Eaux, le Serre de Don. 9 heures au Temple d’Albon

Samedi 4 Août

Haut-Vivarais

Tournon sur Rhône dans l’histoire huguenote, le Château. 9 heures 30, place de la Gare, Tournon sur Rhône.

Samedi 18 Août

BOUTIERES

L’assemblée du Creux de Veye du 14 Septembre 1701. Randonnée à pied. 9 heures devant la Temple des Ollières

Samedi 8 Septembre

BASSE ARDECHE

Vagnas et le combat des Camisards de Jean Cavalier. Le hameau des Crottes à Labastide de Virac. 10 heures Place (près du cimetière) Salavas

Informations complémentaires

Office du Tourisme de Privas ou auprès du Président au 04 75 66 24 01.

Randonnées en voitures particulières ,avec de petits parcours à pieds, signalées "randonnée à pied" quand une partie importante est sur des sentiers pédestres.

A midi, repas tirés du sac